Avec le recul de l’âge de la maternité, les grossesses tardives sont de plus en plus fréquentes et il n’est pas rare aujourd’hui d’avoir un enfant à 40 ans. Ainsi parmi les nouveau-nés de 2015, 5% avaient une maman âgée de 40 ans ou plus (1). Etre enceinte à 40 ans n’en demeure pas moins une situation à risque nécessitant un suivi attentif.
Tomber enceinte est-il plus compliqué à 40 ans ?
La fenêtre de fertilité, c’est-à-dire la période durant laquelle une femme peut avoir un bébé, correspond à celle des règles : elle débute à la puberté et prend fin à la ménopause. Mais durant cette fenêtre, la qualité de la fertilité varie : elle est maximale jusqu’à 35 ans, puis elle décroit peu à peu pour chuter rapidement passé la quarantaine. L’une des raisons est le vieillissement ovarien en qualité (ovocytes de moins bonne qualité) et en quantité (diminution du nombre d’ovocytes).
Obtenir une grossesse à 40 ans est donc plus difficile qu’à 20, 30, 35 ans, et cela prend généralement plus de temps. Selon le modèle de simulation mis au point par l’épidémiologiste français Henri Leridon (2), une femme cherchant à avoir un enfant a :
75 % de chances d’y parvenir en 12 mois vers 30 ans ;
66 % de chances si elle commence à 35 ans ;
44 % si elle commence à 40 ans.
Les risques de ne pas parvenir à avoir de grossesse augmentent aussi avec l’âge : ils sont 8 % à 30 ans, 15 % à 35 ans, 36 % à 40 ans.
L’AMP (assistance médicale à la procréation) ne permet pas toujours de résoudre ce problème de fertilité lié à l’âge, car le taux de succès des différentes techniques diminue lui aussi avec l’âge. L’AMP permet principalement d’obtenir une meilleure ovulation et une meilleure fécondation, mais elle ne peut pas pallier à l’ensemble des facteurs physiologiques sous-jacents à la baisse de la fertilité avec l’âge, et notamment la diminution du stock d’ovocytes et leur vieillissement.
Le risque de fausse-couche est-il vraiment plus important ?
De 12 à 15% avant 30 ans, le risque de fausse-couche avoisinne les 30% entre 40 et 44 ans et monte à 40% entre 45 et 49 ans (3).
Cette augmentation du nombre de fausse-couche avec l’âge s’explique en partie par le vieillissement des ovocytes, dont la qualité s’altère au fil des années. Des études portant sur les ovocytes utilisés en FIV ont d’ailleurs montré que le taux d’aneuploïdie (cellule ne possédant pas le nombre normal de chromosomes) augmentait avec l’âge : de 10% à 35 ans, il passe à 30% à 40 ans, 40% à 43 ans et 100% chez les femmes de plus de 45 ans (4). Or des anomalies chromosomiques sur les gamètes (ovocyte ou spermatozoïde) conduisent à une fausse-couche.
Par ailleurs avec l’âge, certaines pathologies utérines sont plus fréquentes : fibrome, adénomyose, troubles de la vascularisation. Elles peuvent empêcher la nidation et entrainer une fausse-couche.
Les risques de grossesse sont-ils vraiment plus élevés à 40 ans ?
Une grossesse après 40 ans est en effet considérée comme une grossesse à risque pour le bébé et pour la future maman.
Pour la maman
Dans son rapport sur les grossesses après 40 ans (5), le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) rappelle que les grossesses tardives sont des grossesses à risque accrus de :
diabète gestationnel ;
hypertension artérielle et pré-éclampsie ;
placenta praevia ;
hématome rétroplacentaire ;
hémorragie de la délivrance ;
mortalité maternelle.
Une hypertension pré-existante, le tabagisme, le surpoids viennent augmenter ces risques.
Pour le bébé
Une grossesse tardive est également une situation à risque pour le bébé, comme le rappelle ce même rapport du CNGOF. Les bébés dont les mamans ont plus de 40 ans ont un risque accru de :
anomalie chromosomique, et notamment trisomie 21. Le taux d’anomalie chromosomique est multiplié par 10 après 39 ans (6)
malformations congénitales : de 3,5% à 25 ans, la prévalence passe à 5% à 40 ans ;
retard de croissance in utero (RCIU) ;
macrosome (bébé de plus de 4 kg) ;
prématurité.
Comment est suivie une future maman de 40 ans ?
Pour prévenir et dépister au plus tôt ces différentes complications, la future maman de plus de 40 ans bénéficie d’un suivi attentif. Le suivi de grossesse peut se faire par une gynécologue-obstétricien ou une sage-femme, mais l’avis l’avis d’un gyne´cologue-obste´tricien est recommandé pour les grossesses au-delà de 35 ans (recommandations de la HAS (7)).
Le nombre de consultations prénatales est le même que pour toutes les futures mamans, avec une visite mensuelle à compter du 3ème mois, mais le gynécologue sera particulièrement attentif à certains points : la tension, la prise de poids, etc.
La future maman bénéficiera de 3 échographies comme dans le suivi classique, mais lors de la première et la seconde échographie, le praticien sera particulièrement attentif afin de dépister une éventuelle malformation congénitale ou une anomalie de caryotype.
L’amniocentèse n’est pas systématique en cas de grossesse tardive. Le dépistage de la trisomie 21 repose comme pour toutes les grossesses sur le dépistage combiné au premier trimestre, systématiquement proposé mais non obligatoire. L’âge maternel est pris en compte dans le calcul du risque combiné, aux côtés de la mesure de la clarté nucale à la première échographie et du dosage des marqueurs sériques. Comme pour toutes les mamans, un caryotype (par amniocentèse ou biopsie du trophoblaste) sera proposé en cas de risque supérieur à 1/250.
Le dépistage du diabète gestationnel n’est lui non plus pas obligatoire, mais systématiquement proposé en cas de grossesse tardive.
Avec ce suivi, les grossesses tardives, bien que considérées à risque, se passent généralement bien.
L’accouchement est-il plus difficile à 40 ans ?
Après 40 ans, l’accouchement peut en effet être plus difficile.
La présentation en siège est légèrement plus fréquente après 40 ans (7% des accouchements après 40 ans contre 5% entre 20 et 34 ans (8), tout comme le risque de travail long et de dystocie. Le risque d’hémorragie de la délivrance est également un peu peu élevé après 40 ans, surtout lors du premier accouchement.
Le taux de césarienne est doublé en cas de grossesse tardive. Les spécialistes avancent plusieurs explications : la qualité de l’utérus (fibromateux) qui rend les contractions moins efficaces pour le travail, la présentation en siège, la macrosomie (gros bébé, fréquent en cas de diabète gestationnel), un temps de travail plus long, la fréquence de dystocie plus élevée, mais également l’attitude de l’obstétricien qui aurait tendance à prendre davantage de précautions face à une future maman de plus de 40 ans.
source: passportsanté .net