L’endométriose touche 1 femme sur 10. Cette maladie chronique se caractérise par une prolifération de l’endomètre, le tissu qui tapisse l’utérus, dans des endroits anormaux. Comment la reconnaître ? Explications d’un chirurgien-gynécologue spécialiste de l’endométriose.
« L’endométriose est une maladie que l’on essaye de faire rentrer dans des cases. Mais elle est tellement compliquée, tellement diverse, qu’elle y rentre rarement. Il n’existe pas une endométriose, mais des endométrioses », avertit en premier lieu le Dr Sylvain Tassy, gynécologue-obstétricien et membre du Comité scientifique d’EndoFrance. Trois signes peuvent néanmoins alerter.
1. De violentes douleurs pendant les règles
La majorité des femmes souffrant d’endométriose ont de violentes douleurs lors de la menstruation. En général, ces douleurs surviennent pendant les règles, sont localisées au niveau du pelvis et prennent l’apparence de crampes ou de « coups de poignard ». Mais elles peuvent aussi être localisées au niveau du haut du ventre, des cuisses, des organes génitaux externes, ou même des épaules et se manifester avant ou après la menstruation. En général, ces douleurs sont si fortes qu’elles bouleversent le quotidien de celles qui les subissent.
2. Des rapports sexuels douloureux
Des douleurs systématiques ou aléatoires pendant les rapports sexuels peuvent alerter. Ces douleurs localisées au niveau du bas ventre, et plus spécifiquement au fond du vagin, se manifestent pendant la pénétration et peuvent perdurer après la relation sexuelle.
Ces rapports sexuels douloureux sont parfois tellement intenses qu’ils peuvent interrompre totalement la vie sexuelle des femmes qui en souffrent.
3. Une infertilité
L’endométriose est la première cause d’infertilité en France. Bien souvent, les femmes qui en souffrent ne soupçonnent pas la maladie. Après avoir essayé d’avoir un enfant sans succès, elles décident de consulter et c’est à ce moment-là que le diagnostic tombe.
Parmi ces femmes, certaines n’avaient jusqu’alors aucun symptômes, notamment parce qu’elles prenaient la pilule, un moyen de contraception qui bloque l’inflammation de l’endométriose. Lorsqu’elles décident de l’arrêter pour avoir un enfant, elles sont alors confrontées à des douleurs intenses pendant les règles et les rapports sexuels. C’est ce qu’a vécu Laurianne : « J’ai découvert que je souffrais d’endométriose quand j’ai du faire des examens après deux fausses couches et des difficultés à tomber enceinte. Dès l’arrêt de la pilule, j’ai commencé à avoir des douleurs, mais je ne connaissais pas mon corps sans la contraception. Les douleurs n’étaient pas insurmontables donc j’ai pensé que c’était normal. Je n’avais jamais souffert avant ma première grossesse : jamais de règles douloureuses, jamais aucun symptôme qui laissait penser que je pouvais être malade. J’ai été diagnostiquée en moins de deux ans, on a alors découvert que mon endométriose était déjà au stade le plus haut, le stade 4. » Aujourd’hui, elle est maman d’un bébé né grâce à la PMA. (Voir le témoignage complet de Laurianne, 33 ans).
Endométriose : un diagnostic complexe
D’autres signes d’alerte existent, comme des douleurs au moment d’uriner, un utérus rétroversé ou encore des troubles digestifs associés aux douleurs des règles. Mais pour diagnostiquer cette maladie, il est conseillé de se rendre dans un centre spécialisé.
Un examen clinique est alors réalisé et il peut parfois permettre de poser le diagnostic. Si ce n’est pas le cas, une échographie effectuée par un spécialiste de l’endométriose est réalisée. Une IRM peut également être utile, même si la moitié des IRM ne permettent pas d’identifier clairement la maladie.
La coelioscopie, qui permet d’observer l’intérieur de l’abdomen ou de réaliser certaines opérations par le biais de petites incisions, est le seul examen permettant de poser un diagnostic clair, mais comme il s’agit d’une intervention chirurgicale, il n’est pas systématique.
Quoi qu’il en soit, à partir du moment ou les douleurs des règles sont invalidantes au point d’empêcher celle qui les subit de mener une vie normale malgré des antalgiques de niveau 1, l’endométriose est suspectée, d’autant que les symptômes ne sont pas forcément proportionnels à la maladie. « Une endométriose développée et profonde peut être douloureuse, mais des douleurs importantes ne sont pas nécessairement synonymes d’endométriose étendue, d’où l’importance de poser un diagnostic », conclut le Dr Sylvain Tassy.
Source: femmeactuelle.fr