Femme d’affaires, figure politique, auteure compositrice interprète, Oumou Sangaré possède de multiples facettes. Véritable porte parole de la Femme en Afrique, la chanteuse, désormais internationalement connue et reconnue, sublime les souffrances en les évoquant.
La mère de Oumou Sangaré est la chanteuse Aminata Diakité. Son mari, le père de Oumou, quitte le foyer après avoir épousé une seconde femme, laissant sa famille derrière lui ; “je chante pour venger ma mère”, explique l’artiste, traumatisée par cet évènement. Oumou chante depuis l’enfance en vendant de l’eau, mais aussi lors de mariages et baptêmes pour aider sa famille. À dix-huit ans, alors qu’elle se produit dans la rue, Lamine Sidibe la repère. Elle rejoint ensuite Djoliba Percussion, le groupe de Bamba Dembélé (dans lequel on trouvait aussi le jeune Toumani Diabaté) et part avec eux sur une tournée européenne. Cette tournée fait prendre conscience de son potentiel à la chanteuse, et marque ainsi un tournant essentiel dans sa vie. Oumou enregistre son premier album en 1987 avec le producteur Ibrahima Sylla. C’est un succès. L’artiste signe alors avec un label anglais, à 21 ans, elle est connue à l’international. Et s’est depuis produite à l’Opéra de Sydney, à Central Park, à l’Opéra de la monnaie de Bruxelles ou encore au Queen Elisabeth Hall.
Ses chansons, emplies de conseils, parlent de la société, de polygamie, de mariages forcés et de la place de la femme au milieu de tout cela : “J’ai beaucoup souffert, maintenant je veux aider mes sœurs”. Oumou Sangaré est effectivement connue pour être le porte-voix des souffrances féminines en Afrique, sur fond de musique traditionnelle de la région Wassoulou, la chanteuse traite de sujets plus que tabous pour la femme du continent. L’on se souvient ainsi de la musique Diaraby Nene (frissons de la passion) évoquant la sensualité.
Oumou Sangaré devient ambassadrice de bonne volonté de la FAO en 2003, obtient le prix de l’Unesco en 2001 et est nommée commandeur des Arts et des Lettres de la République française en 1998. En 2014, alors qu’elle fait partie du collectif Africa Stop Ebola elle enregistre une chanson afin de récolter des fonds pour lutter contre la maladie. “Au Mali la musique est parfois mieux écoutée que les politiciens” confie la chanteuse, désormais devenue une véritable figure politique. De surcroît, Oumou travaille dans l’hôtellerie, l’agriculture et la vente de voitures afin de créer des emplois dans son pays. L’artiste veut ainsi montrer aux femmes qu’elles peuvent être utiles partout “je l’ai chanté pendant des années” exprime t-elle, Oumou estime qu’il est désormais temps de montrer l’exemple…